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André Uzan

Ancien universitaire

Créateur d’entreprise

Réussir sa création d’entreprise Réussir sa création d’entreprise

Le guide   Réussir sa création d’entreprise

Les questions à se poser – Les outils à utiliser

 

  1. Objectifs et démarche

Enflammés par la perspective de créer leur entreprise et « armés » de leur idée de produit ou de service à fournir, beaucoup de candidats à la création d’entreprise se lancent d’abord, à corps perdu, à la recherche des aides financières possibles. Ils prennent part à toutes les réunions d’information, questionnent les sources d’aide publique; rendent visite aux banquiers; prennent contact avec des groupements de créateurs, se rendent à des salons spécialisés dans la création…

Plusieurs semaines peuvent ainsi s’écouler à l’issue desquelles le candidat créateur est bien obligé de faire les deux constations suivantes :

  • Chaque offreur d’aide lui demande d’abord d’approfondir son idée, de tenter d’en faire un projet ; et, pour cela, de prendre « rendez-vous avec lui-même ».
  • Il se trouve sollicité par de multiples offreurs d’assistance à l’élaboration de son projet de création; offreurs privés, généralement très coûteux ; offreurs publics, généralement réservés aux chômeurs ; offreurs associatifs, souvent suspectés d’amateurisme parce que bénévoles.

Dès lors, on comprend la réaction de beaucoup de candidats créateurs ; soit ils s’abandonnent au découragement soit ils se lancent dans l’aventure, seuls et sans préparation adéquate, s’exposant ainsi à un très fort risque d’échec.

 

1.1. Ce guide a pour objectif d’éviter ces errements et les pertes de temps, d’énergie, de confiance en soi qu’ils induisent, en proposant une démarche méthodologique pour construire, tester et valider tout projet de création d’entreprise.

Il ne prétend pas fournir les « recettes du succès  » mais vise à doter tout candidat à la création d’une compréhension basique des étapes à suivre, des « boites à outils à utiliser », des contraintes à surmonter.

Loin de vouloir se substituer au dispositif d’aides existant, il vise à donner les moyens de mieux les connaître et d’y recourir en connaissance de cause.

Outil de base d’une auto- formation, il peut servir de guide, de manuel, utilisable selon les besoins.

 

1.2. La démarche générale du guide a consisté à se mettre à la place du candidat créateur pour

  • identifier les questions qu’il doit se poser et dans le bon ordre;
  • présenter les notions, outils et sources d’informations qui lui sont nécessaires.
  • l’aider à fonder et rendre cohérents les choix basiques de son projet.

Le fil directeur de ce guide est déterminé par les étapes du processus de construction du projet de création ; les 10 étapes et « boites à outils » principales retenues répondent aux questions suivantes :

  • Quelles motivations et atouts ?
  • Quelle attitude face au « pari » de la création ?
  • Quelle capacité de départ, quels approvisionnements et coûts de production ?
  • Quels produits, ventes, moyens et coûts de commercialisation ?
  • Quelles rentabilités possibles et financements nécessaires ?
  • Quelles résolutions du problème majeur ?
  • Quels statuts juridique, social et fiscal?
  • Quelle validation du projet ?
  • Quelle présentation du plan d’affaire (Business plan) ?

–     Quelle préparation au démarrage de l’activité ?

Il n’existe aucune réponse toute faite à ces questions et chaque candidat à la création doit construire les siennes avec ses ressources.

Or cette construction exige la compréhension de processus complexes et la maîtrise de multiples notions et outils :

– compréhension de processus sociaux tels que : les déterminants de l’achat ; le fonctionnement et l’évolution du marché d’un produit ; le fonctionnement d’une entreprise et les facteurs de son succès ou de son échec ; les contraintes des processus de production, de commercialisation, de financement, etc.;

– maîtrise de notions et outils techniques relevant de plusieurs domaines de la connaissance : technologie et méthodes de production;  psychologie ;  économie ; méthodes de l’étude de marché ;  stratégie commerciale; méthodes d’établissement des coûts et d’analyses des résultats comptables; droit ; fiscalité; méthodes de prévision, etc.

Pour le candidat créateur, généralement expérimenté dans un de ces domaines mais novice dans les autres, la difficulté principale est de définir quoi chercher dans l’immensité de la littérature existante ; quelles notions et outils sont pertinents à tel problème et dans quel livre ou sites internet les trouver ?

C’est cette sélection que le guide aide à opérer en présentant les notions et les outils de base nécessaires au candidat créateur  pour chaque étape de la construction de son projet.

Ainsi construit, ce guide peut servir de première introduction à la préparation du projet de création puis de ressource à exploiter au fur et à mesure des besoins.

Mais il ne faut pas confondre informer, c’est-à-dire aider à comprendre,  et former c’est-à-dire rendre capable de faire;  le lecteur débutant peut avoir l’impression de comprendre ce qu’il faut faire et croire qu’il l’a fait; mais la validation ne peut venir que des résultats d’un test ou de la réaction d’une personne expérimentée. Quant au savoir-faire, il ne peut résulter que de l’expérience.

C’est pourquoi ce guide recommande au candidat à la création de ne pas rester isolé lors de la préparation de son projet et de se faire assister par un tuteur expérimenté, si possible bénévole.

On peut distinguer au moins les trois raisons suivantes à cette recommandation :

–  s’impliquer dans un projet donne de la détermination mais réduit la lucidité, la capacité de percevoir et de juger « froidement » ; un tuteur expérimenté mais non impliqué peut aider le créateur à voir plus clair en lui-même en lui servant de « miroir » ;

–  une idée, un choix ne sont fructueux que si sont vérifiées les hypothèses sous-jacentes ; le tuteur peut servir de « banc d’essais » et de conseiller ; indiquer les vérifications à faire et les autres manières possibles de concevoir ou d’agir.

– préparer un projet de création affecte nécessairement le « moral » et peut engendrer des périodes d’euphorie et des périodes de dépression ; c’est alors, aussi, que la présence d’un «grand frère » calme et pondéré est très utile.

 

Vue d’ensemble

 

Pour tout lecteur de ce guide, qu’il veuille juste percevoir l’essentiel du contenu ou qu’il veuille s’en servir comme d’un manuel,  il est bon de commencer par prendre une vue d’ensemble du problème abordé, des idées développées et de l’articulation générale de l’exposé.

L’intention principale de cet ouvrage étant de servir de guide, de manuel, à tout candidat à la création d’entreprise désireux de construire son projet, c’est le résumé de chaque étape et l’articulation entre les étapes qui donneront la meilleure vue d’ensemble.

 

  1. Quelles motivations et atouts ?

Choisir la voie de la création d’entreprise est un engagement lourd de conséquences sur le plan personnel, familial et financier. Gagner plus de liberté, de capacité d’initiatives, éventuellement plus d’argent, se paye de plus de travail,  d’incertitudes, de risques d’échecs financiers, familiaux, etc., même lorsque la création connaît le succès.

Et on imagine facilement les dégâts que peut provoquer l’échec.

Dès lors, il serait absurde de se lancer sans vérifier, autant que possible, que sa motivation est forte, que son idée de produit ou service à offrir est pertinente, que ses atouts pour réussir sont réels, au moins a première vue.

  1. Quelle attitude face au « pari » de la création ?

Créer une entreprise, c’est engager un projet risqué, un  pari qui peut être gagné ou perdu.

Face à ce pari, on peut décider de « forcer sa chance » et de tenter d’adapter le monde à son idée; c’est, bien sûr et de loin, l’attitude la plus risquée.

Une autre attitude, plus raisonnable, plus intelligente, considère toute  idée de création pour ce qu’elle est, c’est-à-dire un faisceau d’hypothèses, et conduit à soumettre toute création à la vérification de ces hypothèses.

Une telle exploration prévisionnelle est rendue difficile par l’interdépendance entre tous les aspects de l’entreprise : la production, la commercialisation et le financement.

On peut cependant y parvenir en recourant à la simulation et à l’itération et en utilisant l’incontournable outil comptable.

Nécessaire et possible, cette exploration présente, de plus, l’avantage d’être très fructueuse et sur plusieurs plans; en particulier pour définir les facteurs – clés du succès.

  1. Quelle capacité de départ ? Quels achats nécessaires et coûts de production ?

Il n’est pas illogique de commencer par la production, sur la base d’une hypothèse de commercialisation, puisque l’on va devoir faire des ajustements entre les deux. Et comme, la capacité de production détermine les achats et autres “entrées” nécessaires au fonctionnement courant de l’entreprise, il vaut mieux faire la prévision de l’ensemble.

L’avantage principal de commencer par la production est de se faire une idée sur le point basique suivant : quelle serait le montant de la « mise initiale » nécessaire.

Au regard des capitaux propres du créateur et de sa capacité d’emprunt, ce montant peut, à lui seul,  donner une bonne indication du degré de réalisme du projet initial et, ce qui est heureux, dès le début du processus de préparation.

Si l’écart n’est pas totalement décourageant; on peut poursuivre le montage du « puzzle » après avoir pris une bonne connaissance des exigences de la production.

  1. Quels produits, quelles ventes, quels moyens et coûts de commercialisation ?

Il faut maintenant tenter de déterminer quel accueil les clients potentiels peuvent réserver au produit ou service à créer et se faire une idée du chiffre d’affaires (CA) réalisable.

Il est très rare que cette prévision puisse se faire sans enquête spéciale. Il faut, en effet, comprendre les motivations d’achat des clients potentiels, comprendre, en particulier, quels avantages et inconvénients ils attribuent à un produit et quelles « forces » et « faiblesses ils attribuent à une entreprise par rapport à la concurrence. C’est à cette condition seulement que l’on peut définir ses choix de politique commerciale,

Si, à ce stade, ne se présente aucun obstacle de nature à conduire à l’abandon immédiat du projet, on peut définir la ou les combinaison(s) possible(s) de moyens commerciaux et de Chiffres d’affaires (Valeur des ventes) probables, sans certitude bien sûr, .mais en meilleure connaissance des conditions du succès commercial.

  1. Quelles rentabilités possibles et besoins de financement ?

A cette étape, il faut rapprocher les deux ensembles de prévisions précédentes pour avoir les premières réponses aux deux questions basiques suivantes :

  • le Chiffre d’affaires seuil de viabilité-rentabilité à réaliser est-il hors de portée ?
  • les financements nécessaires peuvent-ils être réunis ? et si emprunts il y a, pourront-ils-être remboursés ?

Quelles que soient les résultats obtenus, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une première exploration qu’on peut « retoucher »  après test auprès d’experts.

  1. Quelle résolution du problème majeur : le financement ?

En général, c’est le financement  que l’on tend à définir en dernier, mais c’est aussi l’obstacle immédiat majeur qui se dresse sur la route de la création.

On doit chercher à réduire les besoins initiaux de financements externes, puis recenser les sources de financements externes disponibles et les conditions d’obtention de ces financements:

 

  1. Quel statut juridique, social, fiscal ?

Les choix juridiques, sociaux et fiscaux à faire, concernant l’entreprise à créer comme le créateur,  doivent être des réponses aux questions que le créateur se pose ; aux souhaits qu’il veut voir se réaliser ou aux contraintes qui s’imposent à lui.

  • Veut-il créer tout seul ou est-il obligé ou désireux d’avoir des associés dès le départ ?
  • Est-il important pour lui de mettre son patrimoine à l’abri des risques de l’entreprise ?
  • Y-a-t-il des aspects fiscaux à prendre en compte ? Etc.

Les choix extrêmes sont les suivants :

-en matière de statut de l’entreprise : Auto-entrepreneur ou Société anonyme ?

– en matière sociale : travailleur non salarié ou salarié ?

– en matière fiscale: régime fiscal de la « micro-entreprise » ou  régime normal d’impôt sur les bénéfices de sociétés ?

 

  1. Quelle validation du projet ?

A l’issue de la préparation du projet, des prévisions ont été retenues et des choix faits.

Même minutieusement élaborés, ces résultats peuvent inclure des hypothèses, consciemment ou inconsciemment admises sans vérification.

Une validation s’impose avant de se lancer, à l’image de la pratique courante de l’industriel qui crée un produit nouveau : le projet doit être vu comme un prototype et être soumis à un banc d’essai pertinent.

Ici, les bancs – d’essai ne peuvent être que des personnes; soit des clients-tests, soit, plus généralement, des experts, professionnels ou anciens professionnels.

  1. Quel plan d’affaires (Business plan)

Aucun financeur, banquier ou autre, n’accordera son soutien si ce soutien ne sert pas ses propres objectifs. Chacun cherchera d’abord à vérifier que le projet est viable et rentable et que le créateur est capable de le mener à bien.

Une telle vérification ne peut se faire sur la base d’un simple exposé oral; elle exige la confection d’un dossier qu’on appelle « Plan d ‘affaire » (traduction du mot anglais « Business Plan) qui soit de nature à entrainer la conviction.

 

  1. Quelle préparation du démarrage de l’activité ?

Une fois prise la décision de créer l’entreprise, il faut préparer le lancement des activités.

Comme en matière spatiale, la phase du lancement est la plus risquée et appelle une préparation minutieuse, en particulier sur six points.

 

Ainsi conçu et présenté, ce guide offre au candidat à la création deux types de « boites à outils » aux contenus les plus adaptés à ses besoins :

  • les méthodes nécessaires à la construction du projet ; questions, explorations, prévisions, validation, etc.
  • les notions essentielles dont il a besoin et qui relèvent de quasi toutes les sciences de gestion : psychosociologie ;  gestion de la production ; comptabilité analytique ; marketing et stratégie, finances et comptabilité ; droit ; fiscalité.

 

Aucune reproduction ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ».  A.Uzan  . 08/01/2013