Sources principales : Mooc de Coursera « Marketing analytics » https://www.coursera.org/learn/market-analytics –
“Allocating Marketing Resources”, Harvard, http://www.hbs.edu/faculty/Publication%20Files/08-069_17a7715d-c34b-4d9e-92fa-2ea2834a0cbe.pdf).
Comme tout manager, les managers de marketing doivent allouer leurs ressources de façon optimale pour générer les rendements commerciaux attendus par l’entreprise. Les arbitrages à faire sont multiples : entre produits ou DAS, entre clientèles-cibles du même produit, entre canaux de distribution ou medias ou zones géographique concernant un produit ou l’ensemble de l’entreprise ; et ces arbitrages sont rendus de plus en plus difficiles par la diversification des medias et l’exigence de personnalisation du client. Faute de temps ou de moyens, ou « sûres » de leur expertise, de nombreuses entreprises se donnent des règles intuitives ou résultant d’expériences réussies par elles ou par d’autres et allouent, par exemple, à leur promotion par produit, par segment de clientèle ou par pays un % des ventes ; ou répartissent leur force de vente d’après le critère « coût de la force de vente /ventes réalisées. De telles approches peuvent avoir montré leur pertinence à un moment donné ou dans un marché donné mais rien ne peut dire si elles sont optimales. A un moment et de préférence à un moment où « tout va bien », il est nécessaire de comprendre plus clairement comment sont liées les dépenses de marketing et les résultats ; nécessaire d’identifier les leviers clés et de mesurer la sensibilité des clients aux actions de marketing et, si possible, les réactions des concurrents. Que l’on puisse ou pas recourir aux experts du domaine en raison de leur coût, on doit, alors, se préparer à expliquer ce qui a été fait et obtenu jusqu’ici : les objectifs commerciaux définis, les hypothèses admises sur la situation concurrentielle, les règles d’allocation de ressources appliquées, les résultats obtenus, etc. Une fois cette préparation avancée, on saura mieux ce qui doit être demandé aux experts et, peut-être, découvrira-t-on qu’il n’est pas nécessaire d’y recourir. Voyons ce que nous apprennent les résultats de certaines études sur ce sujet et quelle méthode de travail on peut mettre en œuvre pour commencer.- Les résultats des études.
Le tableau 1 « croise » l’allocation actuelle et l’allocation optimale de dépenses promotionnelles par pays.
On voit clairement que le Royaume uni (UK) bénéficie d’une sur-allocation (10 % du total alors que l’optimum devrait être plus faible) ; et que la situation est inverse pour l’Italie (15 % contre 23 %).
Même une allocation optimale approchée représente un net progrès sur la simple intuition.
Le tableau 2 concerne une grande entreprise d’informatique et la répartition de ses dépenses de force de vente entre ses six segments de clients. Si on prend en compte la valeur de durée de vie du client (« using CLV »), on voit que la répartition optimale est sensiblement différente de la répartition actuelle.
Le tableau 3 présente la réallocation souhaitable des ressources promotionnelles entre medias résultant d’un modèle économétrique. Les résultats confirment ce que l’on sait = réduire l’écrit et les annonces TV générales; accroître la présence sur les réseaux sociaux et cibler les annonces TV.
Cet ensemble de résultats montrent clairement que toute entreprise doit se méfier des règles simples et intuitives d’allocation des ressources de marketing. Il importe, à un moment, de « questionner » ces règles et de rechercher les moyens d’approcher l’optimisation.
La méthode à mettre en œuvre dépend du problème et des expertises disponibles. Les exemples suivants donnent une indication de la méthode générale à suivre.
- La méthode d’approche.
Ce profit est fonction du nombre de prescriptions faites et de la fidélité du médecin (« retention ») à la marque mais aussi des coûts du marketing pratiqué comportant actions de vendeurs (sales calls) et publicité directe.
La régression « action des vendeurs/profit » livre les résultats ci-dessous ; les 2 appels mensuels actuels tendent à produire un profit de 181,65 (1,7*0,79 ventes=1.34 ventes à multiplier par la marge nette (inconnue) et dont il faut déduire les coûts de ventes = 2*50) ; elle indique un optimum de 6 appels mensuels.
On voit clairement que le rendement de l’action des vendeurs progresse au début, passe par un maximum, puis connaît la loi des rendements décroissants.
On aurait gagné, ici, à segmenter la population des médecins car ils ne représentent pas tous le même potentiel de ventes ni la même accessibilité et appliquer le modèle le modèle IPO/IPR (indice de potentiel/indice de probabilité d’accès ou accessibilité) pour rechercher l’allocation optimale ou une meilleure allocation de la force de vente.
Voici le schéma du modèle IPO/IPR qui s’inspire de la matrice McKinsey (« Attrait du marché – Atouts du produit »).
Source : http://www.e-marketing.fr/Thematique/academy-1078/fiche-outils-10154/modele-IPO-IPR-306780.htm
Le potentiel comme l’accessibilité décroissent de A à C ; ainsi les segments 1 à 5 ont les plus forts potentiels (A) mais 1(A) et plus accessible que 5 (C) ; les segments 6, 8, 9 ont les potentiels les plus faibles mais le segment 9 est à la fois le moins prometteur et le plus inaccessible. Positionner les prospects ou les clients dans cette matrice peut aider à mieux répartir ses ressources, à adapter la quantité et le type de ressource au segment. 2.2. Optimiser l’allocation entre media (Digital Media Attribution) Le développement du numérique a considérablement accru le nombre et la diversité des supports de marketing et, par suite, diversifié sensiblement les « chemins » conduisant le prospect à l’achat. Un prospect peut être « touché » d’abord par une publicité en ligne (annonce sur site ou annonce payante sur moteur de recherche) ou hors ligne (TV ou autre), par un email, par un vendeur, par un site « référent », par un ami, etc. puis utiliser un moteur de recherche, visiter le site (ou des sites de concurrents ou de conseils), demander un devis ou une visite de vendeur, etc. Cette complexité constitue le vrai défi d’aujourd’hui de l’allocation des ressources de marketing entre media ; défi qui exige de connaître ces chemins et de comprendre la synergie qui les unit. La méthode à mettre en œuvre comporte les étapes suivantes: visualisation des « chemins » conduisant à l’achat ; choix provisoire de règles pour allouer les ressources ; expérimentations ; modèle économétrique. -Visualisation des « chemins » vers l’achat. L’indicateur de résultat retenu ici est le total des ventes d’un produit.
Le schéma ci-dessus indique à droite les dépenses de marketing engagées (sur TV, Facebook, moteur de recherche, etc.), puis en allant vers la gauche les effets de ces dépenses et les niveaux d’avancée des prospects sur la « route » de l’achat : dans un premier temps : ouverture d’email, clicks sur moteur de recherche, sur Facebook, etc. ; puis dans un deuxième temps, visites du site, réponses aux emails, demande de prix, etc..
-Choix d’une règle d’allocation.
La visualisation précédente permet au moins de se poser la question suivante : à quel type de contact avec le prospect donner priorité ; au premier contact (celui de la découverte du produit), ou au dernier (le plus proche de la décision d’achat), ou à un contact intermédiaire, ou à un « panaché » de contacts, etc. ? Et quel moyen pertinent selon le rang du contact ?
Prendre une décision sur la base d’une réflexion sur ce sujet est déjà un progrès sur la décision globalement intuitive.
-Expérimentation.
Elle peut faire nettement progresser la connaissance des leviers les plus forts.
On peut suspendre l’utilisation de tel moyen de marketing (par exemple la TV) pendant un temps pour voir quels effets sont produits sur les autres moyens (par exemple sur l’efficacité des emails ou des pages sur les réseaux sociaux.) : effets de substitution ou de synergie.
-Recherche d’un modèle économétrique.
Voici le modèle présenté par l’auteur du Mooc.
Ont été cherchées d’abord des régressions partielles puis des liens entre équations.
On observera que tous les résultats sont affectés d’abord par leurs niveaux précédents (« lagged sales », etc.) et que les équations de régression sont liées les unes aux autres par une variable au moins.
Aucune reproduction, ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ». A. Uzan. 8/08/2016
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