Ce que les diplômés des grandes écoles attendent de l’emploi doit être connu de tout recruteur pour entreprise. Cela est nécessaire pour lancer une campagne de recrutement mais aussi pour retenir les meilleurs candidats ou les meilleurs talents. C’est particulièrement vrai quand il s’agit des étudiants et anciens diplômés des grandes écoles d’ingénieur et de commerce.
C’est pour faciliter cette connaissance que le BCG (Boston Consulting Group), avec l’aide de l’IPSOS, conduit chaque année une enquête auprès des étudiants et anciens diplômés des grandes écoles, écoles d’ingénieur et de commerce en particulier.
Sa dernière enquête, réalisée en 2023, réunit les réponses de 2269 personnes, 1041 étudiants et 1228 anciens étudiants, des grades écoles d’ingénieur et de commerce, sur ce qui importe à ces jeunes gens concernant l’emploi.
Le rapport complet est téléchargeable à https://web-assets.bcg.com/c9/ab/f99adc9f4f59a76dbfc1d6efc65f/barometre-ipsos-bcg-cge-talents-ce-quils-attendent-de-leur-emploi.pdf
On verra d’abord quelles questions (Q) ont été posées et quelles réponses principales ont été données par les étudiants et diplômés des grandes écoles.
On tentera, ensuite, de faire la synthèse et l’évaluation des attentes en matière d’emploi.
- Questions (Q) et réponses principales
Q1 : Diriez-vous que vous êtes confiant ou inquiet en ce qui concerne votre insertion professionnelle ?
80% des répondants se déclarent confiants mais les filles sont un peu plus inquiètes.
Q2 : Le contexte actuel (économique, social, environnemental et international) vous a-t-il amené à reconsidérer le projet professionnel que vous envisagiez au début de vos études ?
60% répondent « oui beaucoup ou un peu » et 40% « non pas vraiment ou pas du tout ».
Q3 : Parmi les sujets suivants, quels sont les trois qui vous semblent les plus préoccupants ?
On voit que la hiérarchie des sujets est nette : contexte de crise, inégalités sociales, avenir de la démocratie et éducation.
Q4 : Le contexte actuel (crise sanitaire, économique, environnementale) vous donne-t-il envie de faire les choses suivantes ?
La hiérarchie des envies est ici moins nette et les « choses » plus diverses :
-consacrer plus de temps à ses proches (81% des répondants)
-avoir des horaires plus flexibles (78%)
-s’engager dans des actions de solidarité (68%)
-se former (57%)
-travailler moins (47%).
Q5 : Dans votre vie professionnelle, quels éléments de la liste suivante vous rendraient le plus fier ?
(deux réponses possibles)
La hiérarchie des éléments est quasiment la même pour les étudiants et pour les diplômés :
-Avoir contribué à des changements sociétaux positifs (en environnement, en solidarité, en inclusion, etc.).
-Avoir été utile aux autres.
Ces deux éléments recueillent chacun environ 50% des réponses dans chaque population.
Les éléments suivants qui ont longtemps été les plus grands facteurs de fierté sont cités nettement moins souvent :
-Avoir innové recueille 30 à 35% des réponses.
-Avoir été dirigeant dans un grand groupe, 15à 20%.
-Avoir créer son entreprise, environ 10% des réponses.
Q6 : A salaire équivalent, que choisiriez-vous entre un emploi stable peu porteur de sens et un emploi plus précaire mais porteur de sens ?
Le choix est assez massif en faveur d’un emploi plus précaire mais porteur de sens.
Q7 : Chacun des éléments suivants pourrait-il vous amener à démissionner ?
(Couleurs de gauche à droite = certainement – probablement – probablement pas – certainement pas.)
La hiérarchie des facteurs de démission est quasi la même dans les deux populations :
–Le manque d’intérêt pour le poste, d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, de bien-être au travail.
-le manque de reconnaissance, la rémunération, le manque de perspectives d’évolution.
Q8 : Quels critères sont les plus important dans le choix de votre futur métier ou de votre parcours professionnel ?
La réponse est massive et identique dans les deux populations :
-L’intérêt du poste.
-Le bien-être au travail.
Q9 : Dans lequel ou lesquels des secteurs suivants, aimeriez-vous travailler ?
La hiérarchie est claire et s’observe dans les deux populations.
–L’environnement (76% des réponses)
-Les énergies (60%)
-Le conseil (52%)
-L’humanitaire (51%)
-L’administration publique (48%).
Q 10 Dans laquelle ou lesquelles des entreprises suivantes préfèreriez vous travailler ?
Pour les deux populations, le choix privilégié est de travailler dans une entreprise à impact (entreprise traditionnelle qui veut avoir un impact social et/ou environnemental) ou travailler dans un grand groupe ou dans une grande entreprise.
Travailler dans une association recueille la même adhésion que créer son entreprise ou travailler pour une PME.
Q 11 : En France, les acteurs suivants vous paraissent-ils engagés sur le plan social et environnemental ?
Couleur de gauche à droite = très engagés – plutôt engagés -plutôt pas engagés – pas du tout engagés.
Les associations et les entreprises à impact social et environnemental arrivent largement en tête, suivies des start-ups et des PME.
Q 12 : Pensez-vous que le meilleur moyen d’obtenir des entreprises plus d’engagement en matière sociale ou environnementale, c’est de refuser d’y travailler ou de les changer de l’intérieur ?
Refuser de travailler au sein des entreprises obtient la majorité (52 % chez les étudiants et 60% chez les diplômés) ;
Q 13: Pour un poste équivalent, quelle baisse de salaire seriez vous prêt à accepter pour travailler dans un secteur engagé (par exemple : Economie Sociale et Solidaire)
Etudiants : 50% sont prêts à accepter une baisse de salaire pouvant aller jusqu’à 10%.
Diplômés : 50 % sont prêts à accepter une baisse de salaire pouvant aller jusqu’à20 % .
Q 14 : Vous-même, seriez vous prêt à prendre les décisions suivantes :
La quasi-totalité (90%) des membres de deux populations se disent prêts à s’impliquer dans un plan d’actions sociales ou environnementales engagé par leur entreprise.
En l’absence de ce plan, une proportion un peu plus faible mais considérable (70%) des répondants iraient jusqu’à refuser un poste ou démissionner.
- Synthèse et l’évaluation des attentes relatives à l’emploi.
- Les étudiants et diplômés des grandes écoles expriment les opinions principales suivantes :
-Ils sont confiants sur leur insertion professionnelle.
-Ils considèrent l’intérêt du poste et le bien-être au travail comme les critères les plus important dans le choix du métier et l’absence de ces critères comme des facteurs de démission.
-Ils se disent prêts à occuper un emploi plus précaire s’il est porteur de sens.
-Ils souhaitent consacrer plus de temps à leurs proches (81% des répondants) ; avoir des horaires plus flexibles (87%) et s’engager dans des actions de solidarité (68%)
- La préoccupation la plus importe pour eux concerne le contexte actuel social, environnemental et international)
Cette préoccupation est si forte qu’elle les conduits à :
–reconsidérer leur projet professionnel initial ;
–préférer travailler dans les secteurs de l’environnement, de l’énergies, du conseil, de l’humanitaire, secteurs considérés comme les plus engagés sur le plan social et environnemental, et pour les associations et les entreprises à impact social et environnemental.
–refuser de travailler au sein des entreprises si elles n’ont pas plus d’engagement en matière sociale ou environnementale.
-accepter une baisse de salaire pour travailler dans un secteur engagé (par exemple : Economie Sociale et Solidaire)
–démissionner en l’absence de plan d’actions sociales ou environnementales engagé par leur entreprise.
-considérer comme facteurs de fierté les actions suivantes : avoir contribué à des changements sociétaux positifs ; avoir été utile aux autres.
Il n’est pas étonnant de voir la générosité et le souci de l’intérêt général dominer chez les jeunes étudiants et diplômés bien que ces valeurs soient « tempérées » par les souhaits suivants : consacrer plus de temps à ses proches (81% des répondants) ; avoir des horaires plus flexibles (87%).
En revanche, ce qui paraît tout à fait étonnant, voire choquant, c’est la quasi-totale absence d’intérêt pour l’entreprise grande ou petite, pour l’industrialisation, pour la création d’entreprise ; et surtout l’absence de lien entre innovation et contexte actuel social, environnemental et international.
Les grandes écoles devraient se préoccuper des valeurs qu’elles transmettent à leurs étudiants.
Source principale : https://web-assets.bcg.com/c9/ab/f99adc9f4f59a76dbfc1d6efc65f/barometre-ipsos-bcg-cge-talents-ce-quils-attendent-de-leur-emploi.pdf
Aucune reproduction ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur. A. Uzan. 21/08 /2023