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André Uzan

Ancien universitaire

Créateur d’entreprise

La double face de l’échec La double face de l’échec

 

Sources principales =  Carol  Dweck (Stanford)   http://mindsetonline.com/whatisit/themindsets/index.html

Francis Boyer https://www.facebook.com/notes/d%C3%A9veloppement-personnel-2/lechec-est-le-fondement-de-la-r%C3%A9ussite-/429537463755514

http://www.lenouveleconomiste.fr/marc-simoncini-lechec-est-la-cle-de-la-reussite-19367/

 

Les résultats des comportements présentent toujours plusieurs aspects aux yeux de l’observateur comme à ceux de l’acteur. C’est ainsi que l’expression « double face » a d’abord traduit le sentiment que l’on peut avoir devant les différences de « visage » que le comportement d’une personne nous donne à observer.

C’est ainsi aussi, qu’entre autres analyses, on a pu montrer que le pouvoir pouvait avoir une double face : celle de soumettre, d’amoindrir ceux qui le subissent et celle d’encourager, d’agrandir ceux qu’il soutient.

On peut, on doit en France en particulier,  se poser la question concernant l’échec : n’est-il qu’un insuccès subi, voire infamant, comme on le pense généralement, ou a-t-il une autre face, positive, voire plus positive que le succès ? La question n’est pas anodine. La réponse détermine le ressenti et la capacité de réaction de la personne qui subit l’échec ; elle détermine aussi le jugement que les autres, recruteurs, dirigeants, etc.,  portent sur la personne en échec ; elle concerne, enfin, les valeurs et attitudes nécessaires au développement des sociétés.

 

  1. L’échec : un insuccès, subi douloureusement

1.1. Les causes.

En général, on tend à attribuer l’échec à l’absence ou au mauvais usage de la volonté ou de l’intelligence. Ce peut être le cas mais le plus souvent l’échec ne s’explique qu’après coup et tend à résulter d’une insuffisante définition des trois termes de tout problème : le vécu, le voulu et l’écart entre les deux.

-Le but a été mal choisi, n’était pas pertinent ; parce qu’il ne correspondait pas vraiment ou exactement à ce nous voulions ou à ce que nous avions les moyens de faire ou à ce que souhaitaient les « clients » visés, ce que nous avons découvert en avançant dans la réalisation.

-Le but était pertinent et l’écart bien défini mais les moyens humains et techniques de résorber l’écart n’ont pu être réunis ou ont été mal choisis ou mal utilisés, etc.

-La réalisation du projet suivait le plan prévu et aurait pu déboucher sur le succès mais un obstacle majeur a contraint à l’abandon ; départ ou équivalent des acteurs du projet, asséchement du financement, modification majeure de l’environnement (règlement, projet alternatif ou concurrent etc.)

Tout projet est un pari et tout pari peut être gagné ou perdu et même, parfois, perdu à court terme, il aurait pu être gagné à plus long terme.

1.2. Un type d’interprétation. 

L’échec d‘un projet important est toujours difficile à vivre sur plusieurs plans mais c’est son interprétation qui peut produire les effets les plus douloureux et les plus négatifs.

Mis à part les cas d’échecs répétés relevant des troubles psychiques, l’acteur comme l’observateur d’un échec tendent habituellement à considérer que cet échec est irrémédiable, qu’il révèle une incapacité définitive, une limite indépassable.

Cette interprétation repose sur ce que Carol  Dweck (Stanford, auteure de “Mindset: The New Psychology of Success ») appelle une « mentalité fixe » par opposition à la « mentalité de croissance » qui sera présentée plus loin.

C’est notre mentalité, en effet, nos croyances et valeurs, qui déterminent nos projets, notre perception et notre interprétation des résultats, nos réactions.

La mentalité « fixe » consiste à croire que les qualités fondamentales (intelligence, talent, force morale) sont des données « fixes » et que seul le talent crée le succès alors que l’effort « signe » la difficulté à réussir; on se sent intelligent et talentueux quand on ne fait pas d’erreurs ; quand on finit une tâche rapidement et parfaitement ; quand on trouve facile ce qui est impossible pour les autres ; etc.

Cette mentalité crée un monologue intérieur qui se concentre sur le jugement dichotomique fondé sur le résultat ; on est bon ou mauvais, gagnant ou perdant, intelligent ou stupide, accepté ou rejeté, etc. ; l’autre est bon ou mauvais, loyal ou pas, etc.

L’idée de base de cette mentalité est la suivante : on a ou on n’a pas les moyens de réussir et en cas  d’échec il n’y a de salut que dans la réparation de l’estime de soi (excuses, comparaisons consolatrices, recours à « la faute des autres », etc.).

Une autre vision de l’échec est heureusement possible et moins simpliste.

 

  1. L’échec : fondement de la réussite.

2.1. Quelques constats

A un moment ou à un autre, tout le monde a connu l’échec et sans doute le malaise intérieur et la réprobation sociale qu’il produit mais personne n’en conclue qu’il ne faut plus rien entreprendre et les exemples pullulent de grands succès qui suivent de grands échecs.

Evoquons, pour sourire, le nombre d’échecs que chacun de nous a connu avant de savoir marcher, parler, lire, écrite, etc.

Parcourons la liste donnée par le lien suivant http://optimlifes.over-blog.com/article-48-exemples-de-reussite-apres-l-echec-101997800.html

Ecoutons ce que nous disent quelques personnalités :

W.Churchill « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme »

H.Ford (formule adaptée) « Le seul vrai échec est celui qui ne nous apprend rien »

Proverbe chinois « L’échec est le fondement de la réussite. »

T.Edison (après des centaines d’échecs) « Je n’ai jamais échoué, j’ai seulement découvert une nouvelle façon de ne pas inventer l’ampoule électrique ».

M.Simoncini « Je n’ai eu que des échecs avant de réussir avec Meetic ».

Source inconnue = Finalement le plus grand échec est de n’avoir pas essayé.

L’échec fait partie du processus de la réussite ; de grandes innovations ont été le fruit des  échecs de projets de recherches ; l’échec peut devenir source d’inspiration et de motivation, voire un puissant levier de revanche. On peut « avoir raté sans être un raté » (C. Pépin). La peur de l’échec est normale et bénéfique pour prévenir et réduire les risques mais une trop grande peur de l’échec mène à l’échec.

L’échec n’est jamais fatal mais l’échec à rebondir peut l’être.

2.2. La « mentalité de croissance ».

Ces constats traduisent ce que C. Dweck appelle la mentalité de « croissance ».

Ici, on sait que chacun dispose d’une « donne » initiale, innée et construite, d’intelligence, de talent et de force morale mais que cette « donne » n’est pas fixe, qu’elle peut être développée par l’engagement, l’expérimentation et le travail acharné.

On ne croit pas que n’importe qui peut devenir Einstein ou Beethoven mais que le vrai potentiel d’une personne est inconnu ; qu’il est impossible de prévoir ce qu’elle peut accomplir si elle s’engage, se forme, expérimente et travaille avec passion.

Dès lors, l’intelligence et le talent sont plus les résultats que les causes du succès et ces causes sont les suivantes :

-les efforts fournis pour réaliser des projets, en particulier les plus difficiles ;

-les affrontements des moments les plus difficiles de la vie ;

-la concentration du monologue intérieur sur le processus de réalisation et non sur le résultat ni sur le jugement ; la concentration sur ce que le processus mis en œuvre révèle comme enseignements pour l’action et comme réponses aux questions suivantes : Que puis-je apprendre de cela ? Comment améliorer ? Comment aider mon partenaire ? Etc.

Dans cette mentalité, l’échec n’est pas d’avoir un revers ; il est de ne pas développer son potentiel, de ne pas se réaliser, de ne pas contribuer au développement de son organisation.

 

  1. Enseignements pour trois types d’acteurs.

Chacun de nous a connu l’échec et la probabilité de le connaître tendra à grandir car l’évolution de notre environnement tend à nous faire redevenir novice régulièrement.

Nous savons que l’important est la résilience, la capacité de faire face, de comprendre, de faire marche arrière si nécessaire, d’essayer à nouveau, etc.

-Les recruteurs et managers des organisations savent très bien que l’initiative tendra à prévaloir de plus en plus, accroissant les risques d’échecs et sollicitant d’avantage le soutien et l’action préventive du management.

Les critères d’évaluation des collaborateurs tendront sans doute à faire moins de place au résultat pur et plus de place à la « valeur ajoutée » par l’exploitation des échecs comme des réussites ; et les critères de recrutement tendront à faire moins de place aux indicateurs d’intelligence abstraite et plus de place aux expériences tentées par les candidats, expériences échouées en particulier.

-Les enseignants savent depuis toujours qu’on n’apprend qu’en faisant et par « essais et erreurs ». Le développement de l’intelligence doit être assuré mais ce qui importe le plus est le développement de la motivation d’accomplissement par l’initiative et l’effort.

 

Aucune reproduction ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ».  A.Uzan. 21/08/2014