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La motivation.       Le sens des concepts

Il y a des mots que nous entendons ou utilisons souvent sans être sûrs de bien en connaître le sens. Il en est ainsi du mot Motivation (Voir Culture et Valeurs). Les concepts sont des notions, des représentations mentales, construites pour comprendre des situations ou des comportements, communiquer des résultats d’analyse, prendre des décisions, etc. La définition de ces outils conceptuels est en « chantier permanent», mais il est bon de faire un point de temps en temps même si on le sait provisoire. Nécessaire à toute personne cultivée, ce point est indispensable à tout dirigeant et cadre désireux de mieux comprendre et décider dans, au moins, les trois domaines suivants : – la relation avec les prospects et clients ; – la relation avec les autres organisations partenaires ; – les relations internes à l’entreprise. Décider avec pertinence exige de comprendre les motivations des acteurs avec qui l’on entre en relation. Chacun sait d’expérience qu’il est très difficile d’identifier clairement les motifs et les buts associés à tel comportement d’une personne. En fait, on sait qu’une explication complète est hors de portée car, même si on questionne la personne concernée, on ne peut accéder aux facteurs inconscients ou irrationnels ni repérer les rationalisations a posteriori (la personne agit par impulsion ou réaction émotionnelle mais donne des raisons « raisonnables » de son action) Mais on sait aussi qu’on peut approcher l’explication recherchée en utilisant les «outils» accumulés par la recherche dans ce domaine. Voici un modèle explicatif et une liste basique des types de motifs d’action et quelques notions complémentaires. (Pour approfondir ce sujet : http://www.lesmotivations.net/spip.php) 1. Le modèle explicatif. La motivation, c’est ce qui nous pousse à agir…ou ne pas agir ; c’est cette pulsion qui mobilise notre énergie et l’oriente vers une autre personne, vers un objet ou vers soi-même et selon une manière déterminée. Les hypothèses de base admises sont les suivantes : -La pulsion est déclenchée par un sentiment de manque, un état d’insatisfaction, un besoin, un problème, bref un « écart entre ce qu’on vit et ce qu’on veut » et elle vise la suppression ou l’atténuation de cet écart. -Chacun de nous est guidé par deux grands principes : la recherche de ce qui nous satisfait et l’évitement de ce qui nous crée des insatisfactions (Principe de plaisir) ; la prise en compte de ce qui nous contraint et nous conduit à tolérer la frustration, à différer l’action, etc. (Principe de réalité) – Tout comportement est déterminé par des valeurs, des délibérations et des choix mais ce processus n’est que partiellement raisonnable et conscient. Le modèle La motivation, c’est donc ce qui nous pousse à entreprendre des actions porteuses de promesses de satisfaction, d’après nos valeurs et après une délibération plus ou moins consciente. C’est l’état d’insatisfaction ou la crainte de cet état qui est le déterminant du comportement, du moins lorsque son intensité atteint un certain seuil ; c’est l’interprétation de l’état ou de la crainte qui désigne le but et l’orientation de l’action ; mais une espérance est nécessaire pour que l’action soit déclenchée, l’espérance de satisfaction et l’espérance de succès de l’action. En fait, tout comportement, action ponctuelle ou plan d’actions, est un pari sur les effets espérés. La délibération sera plus ou moins consciente et plus ou moins difficile (conflit entre les buts ou entre les moyens) ; elle aboutit à engager l’action ou à la reporter ou à la modifier ou à y renoncer. 2. Les motifs d’action 2.1. Les motifs liés aux besoins primaires. Nous avons des besoins et des instincts fondamentaux dont l’expression est rendue « socialement correcte » par l’éducation et la socialisation mais qui restent vivaces et qui, parfois, s’expriment avec la violence originelle. On peut citer les instincts et pulsions basiques suivants : – Les instincts : conservation, reproduction, agression, possession, domination, sexe, maternel. – Les pulsions : acquérir, maintenir, préserver (ressources et statut); se défendre (soi et les siens) apprendre pour comprendre, se relier à autrui. Nos motifs primaires d’action concernent nos besoins fondamentaux : besoins biologiques (faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, etc.) et besoins de sécurité (physique et psychologique). Leur insatisfaction peut conduire à des comportements de coopération, de soumission ou d’agression. Moins « primaires » mais tout aussi « vitaux » sont nos deux autres types de besoins ; besoins d’interactions sociales et besoins d’accomplissement. 2.2. Les motifs liés aux besoins d’interactions sociales. On peut distinguer les besoins d’appartenance sociale, de reconnaissance sociale et de pouvoir. -Le besoin d’appartenance. C’est le besoin de se sentir membre d’un groupe, rattaché à un réseau relationnel, antidote du sentiment de solitude ; le besoin de donner et recevoir de l’aide, des idées, de la stimulation, de l’affection, de l’amitié, de l’amour, de la protection, de la part des autres. L’insatisfaction peut ici conduire à un comportement de repli sur soi ou de provocation pour attirer l’attention. -Le besoin de reconnaissance. Ce sont les signes de reconnaissance émis par les autres qui nous indiquent notre valeur et contribuent à la construction et la maintenance de notre estime de soi et notre confiance en soi. L’insatisfaction ici provoque en général un degré plus ou moins grand de révolte. -Le besoin de pouvoir. C’est ce qui nous incite à exercer l’influence sur les autres, à imposer notre volonté et à rechercher un statut d’autorité. Notons, ici, que cette influence et ce statut peuvent être recherchés pour contraindre les autres à l’obéissance ou pour aider les autres à progresser. L’insatisfaction peut ici conduire à un comportement de frustration et « d’exhibition» 2.3. Les motifs liés aux aspirations, aux besoins de se réaliser C’est ce qui nous pousse à aller au bout de nos possibilités, à réaliser notre rêve, à réussir notre vie, à agir selon nos valeurs et nos goûts. 3. Le « système motivationnel » (Voir l’article sur Culture et valeurs) S. Schwartz identifie 56 valeurs, les regroupe en 10 grandes motivations (domaines motivationnels) et montre, dans le schéma ci-dessous, ce qui organise le « réseau » de motivations. Cuture.5 Deux grandes dimensions structurent les relations entre les motivations. -La première oppose « ouverture au changement » à « continuité » ; opposition entre les valeurs d’autonomie et de stimulation et les valeurs de sécurité, conformité, tradition. -La seconde oppose « affirmation de soi » au « dépassement de soi » ; opposition entre les valeurs de recherche de la réussite et du pouvoir et les valeurs de bienveillance et d’universalisme. Le tableau ci-dessous présente l’ensemble des valeurs et les motivations correspondantes. Motiv.2 4. Notions complémentaires. Notre système de motivations résulte de facteurs multiples ; de nos instincts, de notre socialisation (culture et valeurs) et de nos expériences. La socialisation reçue et les expériences marquantes vécues dans le jeune âge ont une particulière importance et, d’après les psychologues, laissent des traces indélébiles qui orientent nos perceptions, attitudes, motivations etc. Les trois ensembles de notions suivantes doivent être présentes à l’esprit en matière de motivation. • Les effets possibles des expériences affectives vécues dans la petite enfance. -L’expérience œdipienne qui souvent détermine l’attitude devant l’autorité, l’amour, le sexe et peut produire une attitude contestataire systématique ainsi que le narcissisme. -L’expérience du sentiment d’infériorité qui fait craindre l’humiliation, conduit au repli sur soi ou à l’agressivité. -L’expérience de la compétition pour la recherche de la puissance, (partiellement analogue à la situation œdipienne) qui développe le besoin d’approbation, la peur de l’échec et l’affirmation agressive de soi. • Les mécanismes de défense du « moi »: -Le refoulement est le rejet du désir vers l’inconscient, la résistance à reconnaitre le désir. -La projection est le déplacement de la pulsion vers un substitut de l’objet désiré. -La sublimation est la transformation d’une pulsion en valeur « socialement correcte ». -La compensation vise à réduire un sentiment de manque, à dissimuler ses faiblesses en en « faisant plus » pour oublier ou en faisant le « contraire » (par exemple le timide fait l’insolent). • Les mécanismes de défense sociale : – Le mensonge de conformité ou de complaisance (on dit aux autres ce qu’ils attendent). – L’inhibition de la réponse pour éviter d’être jugé. – L’acceptation de la coopération pour se faire bien voir.

Aucune reproduction, ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ». A.Uzan. 29/05/2103

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