Construire son rapport annuel de RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise) est une obligation légale pour beaucoup d’entreprises et un document recherché par de multiples investisseurs et autres parties prenantes de l’entreprise. (Salariés, fournisseurs, consommateurs, investisseurs, ONG, etc3.)
Ce rapport de Responsabilité Sociale d’Entreprise a pris plusieurs noms selon l’évolution de la règlementation en vigueur : Rapport ESG (environnement, social et gouvernance) ; rapport DPEF (Déclaration de Performance extra-financière) rapport CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) directive européenne.
Il a été imposé légalement à un nombre croissant d’entreprises ; aujourd’hui à toutes les grandes entreprises et PME cotées.
Malgré les directives des Pouvoirs publics, ce rapport reste difficile à faire, sa composition laissée à l’initiative de l’entreprise et la comparabilité faible entre entreprises et entre les années d’une même entreprise. Les parties prenantes accordent la même importance à ce rapport qu’au rapport financier mai ne peuvent lui accorder la même confiance (apparition des certifications des rapports RSE).
En principe, le rapport RSE devrait fournir des informations sur les 3 domaines principaux suivants :
Le domaine social : emploi, organisation du travail, relations sociales, santé, sécurité, formation, diversité, égalité des chances, promotion, respect des conventions fondamentales de l’OIT.
Le domaine sociétal : impact territorial économique et social de l’activité de l’entreprise ; relations entretenues avec les personnes ou organisations intéressées par la ou les activités de l’entreprise, sous-traitance et fournisseurs, loyauté des pratiques, droits de l’Homme
Le domaine environnemental : politique générale en matière environnementale, pollution et gestion des déchets, utilisation durable des ressources, changement climatique, protection de la biodiversité.
On commencera par présenter les conseils du PwC (PricewaterhouseCoopers) avant de décrire le rapport RSE de Decathlon.
- Les conseils de PwC pour gagner la confiance des parties prenantes dans le rapport.
Le Cabinet propose les six conseils suivants :
1.1. Partir de ce qui est important pour les parties prenantes
La confiance ne peut pas s’établir si les parties prenantes soupçonnent l’entreprise de ne mettre en avant que ce qui lui est favorable.
Elles attendent, en particulier, une explication significative de la direction sur la gouvernance, ce qui d’ailleurs est exigé par la directive européenne (CSRD).
1.2. Veiller à la transparence des processus d’établissement du rapport.
Les définitions et les processus utilisés pour obtenir les résultats annoncés doivent être explicites pour permettre au lecteur de juger et éventuellement de comparer avec d’autres entreprises.
L’objectif est d’aboutir à un document précis, transparent et suffisamment accessible pour que chacun puisse trouver directement les informations recherchées.
Des firmes d’audit qui disposent d’une longue pratique des rapports financiers ou sociétaux peuvent apporter un regard objectif sur le caractère adéquat des informations communiquées.
1.3. Ne publier les données qu’après s’être assuré de leur qualité.
Publier des données valides aux yeux des lecteurs est nettement plus difficile que dans le cas du rapport financier, car des données sont parfois indisponibles. Il importe alors à l’entreprise d’exposer les insuffisances des données, voire de reporter la publication le temps de l’amélioration.
1.4. Dédier une équipe à la réalisation du rapport.
Un rapport efficace nécessite une préparation réalisée par une équipe, de préférence par une équipe dédiée, car il faut maitriser les concepts, saisir les opportunités et, surtout, travailler sur la pertinence et la durabilité des données.
1.5. Obtenir une assurance externe robuste.
Les investisseurs et les parties prenantes de l’entreprise expriment un besoin fort d’assurance pour accorder leur confiance au rapport RSE ; cette assurance peut être donné par un professionnel indépendant.
Il y a, aujourd’hui, des organismes expérimentés qui peuvent valider le rapport établi, en particulier sur les points suivants :
-Le périmètre des données RS ; car plus il est large, plus il limite le risque de se donner une image trompeuse de responsabilité écologique (greenwashing ou écoblanchiment).
-Le niveau de clarté du rapport ;
-La qualité du prestataire donnant l’assurance.
1.6. Un niveau d’assurance modérée du rapport est admis, pour le moment.
Ce niveau d’assurance admis se traduit par :
-des exigences moindres quant aux procédures mises en œuvre : niveau d’enquête et d’examen analytique, profondeur de l’examen des processus et des contrôles, tests par sondage, remise en question des principales hypothèses et estimations…
-un examen, concluant qu’aucun élément n’a été identifié contredisant les données déclarées.
-le rapport peut avoir été mené sur un périmètre ne représentant pas plus de 20% des activités concernées de l’entreprise.
- Un exemple de rapport RSE, celui de Décathlon.
https://engagements.decathlon.fr/les-rapports-developpement-durable-decathlon-annuels https://drive.google.com/file/d/1Yq8LDsqJ3IftR7QBK9jBB-XgIQNna7b9/view
2.1. Les leviers d’action principaux.
Voici, très résumés, les quatre leviers d’action que Decathlon pratique et qui composent son rapport annuel :
2.2. Le plan du rapport est le suivant (la version courte fait 50 pages)
Préserver la nature
-Changement climatique
-Pollution, utilisation de l’eau
-Biodiversité
-Ressources et économie circulaire
Développer l’humain
-Les coéquipiers
-Droits humains en production
-Sécurité et satisfaction des clients
-Engagement sociétal
Créer de la valeur durable
-Conduite des affaires
2.3. On présentera le contenu d’un point de chaque chapitre.
Changement climatique :
-décarbonisation de la production ;
-pollution, utilisation des ressources en eaux
-transports et logistique ;
-action en magasin ;
-écomobilité des salariés et des clients.
Développer l’humain : les coéquipiers.
-Bien-être des coéquipiers
-Diversité et inclusion
-Santé et sécurité
-Compétences et développement
-Partage de la valeur et actionnariat
Créer de la valeur durable
Conduite des affaires
Ethique et compliance
Digitalisation
Chaîne d’approvisionnement
Indicateurs de performance économiques
2.4. Les indicateurs associés à chaque thème sont présentés de la façon suivante :
Par exemple :
48% d’énergie renouvelable est consommée par la production.
91% des équipiers apprécient la diversité qui est apportée aux salariés et à la direction.
100% des pays où Décathlon est présent ont adopté un code de non-corruption et un cade d’éthique.
On voit que la construction du rapport RSE est très exigeante en personnel et en capacité de mesures des indicateurs nécessaires ; ce qui peut être hors de portée d’une PME.
Mais on sait aussi que pour le moment, il y a indulgence sur l’ampleur du domaine à couvrir, c’est-à-dire du temps pour se préparer.
Aucune reproduction ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur. A. Uzan. 15/06/2025