nécessité de changer peut être imposée par « l’extérieur » : évolution de la technologie, de la concurrence, des valeurs sociétales, des réglementations, etc. Elle peut aussi l’être par « l’intérieur » de l’entreprise : changement de direction, de stratégie, de structure, de culture, de mode de management ; changements voulus ou subis des facteurs clés de succès. Dans tous les cas, il s’agit donc de réduire l’inadéquation du fonctionnement et des ressources de l’entreprise à ses buts et objectifs. Les types de changement à introduire peuvent être divers : -ils peuvent ne concerner qu’un poste de travail, un service, un domaine ou concerner les interrelations entre postes, services, etc., les processus de coordination ; -ils peuvent viser à obtenir une réduction des dysfonctionnements courants ou une restructuration totale ; -ils peuvent se faire dans l’urgence ou se préparer longuement ; -ils peuvent être conçus, décidés et imposés par une direction autoritaire ou résulter d’un processus plus coopératif. La mise en œuvre du changement est toujours difficile, les obstacles principaux étant toujours humains. Tout changement est un pari qui peut être préparé et être très pertinent mais, dans tous les cas, la mise en œuvre demande de l’adhésion, du temps et, souvent, produit des effets non prévus, en plus ou à la place des effets attendus. On ne change pas les organisations complexes et encore moins les comportements des personnes comme on change les machines ou les règles. Pour toute personne, comme pour toute entreprise, le changement de l’environnement représente un ensemble de menaces et d’opportunités. La nécessité de changer provoque de l’incertitude et de l’angoisse chez tous, mais chacun peut considérer le changement à réaliser comme une aventure passionnante ou comme une punition douloureuse selon les jugements qu’il porte, en particulier, sur les points suivants : – la désirabilité du changement, sa « valence » (désirabilité « en soi » ou d’après son potentiel de « récompenses-punitions » ou « bénéfices-pertes » de tous ordres et pas seulement financiers); – sa capacité, son espérance de réussir le changement dans les délais impartis; – son espérance de trouver auprès de sa direction l’aide dont il pourrait avoir besoin, une évaluation compréhensive et non répressive de ses résultats, un partage équitable des « récompenses ». On comprend dès lors que des résistances au changement puissent se produire, puisant leur motivation à ces diverses sources. Et on pressent aussi que la mise en œuvre du changement et l’obtention des résultats espérés puissent ne pas résulter de la simple décision de la direction. Examinons plus complétement chacun de ces deux aspects du « Faire adopter le changement » avant de présenter un « modèle » de plan visant cette adoption.
- La résistance au changement.
- La réduction de la résistance au changement.
- Un « modèle » de plan pour faire adopter le changement.
3.1. Créer un climat réceptif au changement avant l’annonce du plan.
Il s’agit de persuader tous les collaborateurs qu’il est nécessaire d’introduire un changement, que le changement va aller dans telle direction mais que le plan détaillé sera défini avec l’aide des représentants des collaborateurs concernés et que l’avis de tous sera sollicité.
Le climat à créer doit être tel que la nécessité de changer s’impose à tous mais que les craintes suscitées par la nécessité de changer soient nettement réduites par la garantie de participation à la décision.
3.2. Définir le changement et traiter les objections.
Le travail technique de définition ne peut être fait que par un petit groupe composé de managers et de représentants pertinents des metteurs en œuvre ; mais doit être assuré un processus d’échanges entre le groupe des concepteurs et tous les metteurs en œuvre.
Il s’agit ici pour les concepteurs d’expliquer les fondements de leurs choix, pour les metteurs en œuvre d’exprimer leurs objections et pour tous de trouver les arrangements qui satisfassent le maximum de contraintes.
3.3 Soutenir le climat social.
Le changement est toujours perturbant parce que créateur d’incertitudes, redistributeur des positions et des relations ; parfois il peut être, de plus, douloureux parce que créateur de licenciements ou de rancœurs, etc.
C’est dire que le climat peut être crispé, déprimé, voire « en résistance ».
Il est alors indispensable à la direction de manifester clairement et aussi souvent que possible sa compréhension et son soutien ; de tolérer les erreurs et de célébrer et récompenser les progrès.
3.4. Soutenir les nouveaux comportements et sanctionner les anciens et les « déviances ».
Les risques les plus grands courus par le changement sont les routines habituelles et les imprévus.
Les routines sont des outils de travail très efficaces parce qu’elles permettent d’agir vite et juste dans des situations données mais cette efficacité résulte d’un apprentissage ; si les situations concernées sont changées, les routines habituelles deviennent contre-productives ; il faut en apprendre de nouvelles, ce qui demande du temps, des modèles identitaires, un soutien adapté, un coaching et un système de « récompenses-punitions » adaptés.
Les imprévus concernent des effets du plan non prévus ou les « déviances » provoquées, consciemment ou pas, par les metteurs en œuvre. On sait qu’on ne peut tout prévoir, en particulier lorsque la situation concernée est complexe et que ce qui importe alors est la vitesse de « redressement ». Par ailleurs, tout projet peut être dévié de ses objectifs ou au mieux ralenti si des collaborateurs décident de faire d’une « déviance » un moyen de pression dans une négociation.
Les notions et méthodes présentées ci-dessus sont considérées par tous les experts comme donnant à tout plan de changement les meilleures chances de succès.
Il serait naïf et risqué de les appliquer systématiquement et sans adaptation à la situation concernée mais tout aussi naïf et risqué d’oublier de les utiliser.
NB : Pour compléter cet article, on peut lire les suivants dans https://outilspourdiriger.fr/entreprendre/management/ :
Le manager-leader du quotidien – Obtenir le « oui » recherché ! – Réussir sa négociation – Partager sa vision avec ses collaborateurs
Aucune reproduction, ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ». A. Uzan. 20/10/2016
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