outils pour diriger

Comprendre pour agir

Pour conforter ou enrichir votre boite à outils avec :

André Uzan

Ancien universitaire

Créateur d’entreprise

Prévenir et guérir le stress du dirigeant Prévenir et guérir le stress du dirigeant

 

 (Sources = “A leader’road map to renewal” A. McKee et autres.2006

http://www.iveybusinessjournal.com/topics/leadership/mindfulness-hope-and-compassion-a-leader%E2%80%99sroad-map-to-renewal#.UYkKQbWeN2J

“Positive renewal”.   R.Boyatzis, M.Smith; 2013)

 

Diriger une organisation est une activité passionnante et gratifiante. Monter des projets, donner à ses collaborateurs l’envie de les réaliser, constater des résultats encourageants, remonter des projets…sentir que son offre correspond aux besoins et que l’organisation « tourne » bien, voilà qui procure de profondes satisfactions mais qui, aussi, peut coûter très cher au dirigeant et, souvent, ne peut se poursuivre sans récréation, sans « re-création ».

Les coûts sont connus : lourde responsabilité envers les collaborateurs, les associés et la famille; veille permanente, stimulation régulière des énergies, disponibilité totale pour les autres ; arbitrages difficiles ; réactions rapides à l’imprévu, etc… ; voilà qui peut rendre sans fin les journées et les soirées de travail et qui demande une attention et un contrôle de soi permanents.

Le risque vient du « stress du pouvoir » (power stress), ce qui exige de savoir se récréer régulièrement, en dépassant les « recettes » habituelles.

 

  1. Le stress du pouvoir (ou Syndrome du sacrifice)

Le stress est une réaction normale pour faire face au changement et aux défis mais une activation répétitive et chronique produit des effets très négatifs ; elle réduit la conscience de soi, érode les capacités perceptuelles et cognitives, amoindrit l’intelligence émotionnelle et, au total, détruit la capacité de rester un leader performant.  Un bon dirigeant peut ainsi progressivement perdre le contact avec lui-même et avec les autres ainsi que le fil de sa conduite performante initiale ; les petits problèmes « grossissent », la confiance en soi diminue, les actions deviennent plus impulsives ; les relations plus tendues ; la satisfaction au travail diminue et le travail prend le pas sur tout créant le sentiment de se sacrifier pour l’organisation (syndrome du sacrifice), parfois même au prix de la santé.

Et comme les émotions sont contagieuses, le climat général se détériore et alimente le cercle vicieux.

Les indices signalant l’entrée dans ce syndrome sont les suivants :

  • Excès de travail sans résultats et réduction du temps de relaxation.
  • Trouble du sommeil et fatigue matinale.
  • Réactions émotionnelles très impulsives.
  • Négligence de son corps et des siens.
  • Désir de sortir de sa situation, etc.

 

  1. Les voies de la re-création.

Trouver les voies de la récréation demande d’abord de le vouloir puis de chercher systématiquement à restaurer les capacités qui ont les effets physiologiques exactement opposés à  ceux du stress et qui conditionnent le leadership : les capacités de clairvoyance, d’empathie et d’optimisme, comme l’indique le schéma ci-dessous.

Stress

Source = http://www.themarteneygroup.com/SacrificeRenewalCycle.aspx

2.1. Restaurer sa clairvoyance. (Mindfulness)

Cette étape doit commencer par « l’écoute » des signaux d’alerte et l’essai de définir les problèmes, les écarts entre « les voulus et les vécus » !

Ses problèmes :

-qu’est-ce qui ne va plus aussi bien : au travail, à la maison, en matière d’esprit, de corps, de cœur, de valeurs, d’objectifs, etc. ? »

Les problèmes créés chez les autres :

-pourquoi les autres me voient-ils différemment ?

-les forces (qualités, collaborations, circonstances, etc.) qui m’ont fait réussir sont-elles encore adaptées ?

-faut-il avancer moins vite mais plus sereinement et sûrement !

-faut-il en faire moins soi-même et consacrer plus de temps à soutenir les collaborateurs !

Finalement sur ce terrain, comme sur d’autres, l’important est de se poser des questions et de chercher les réponses !

2.2. Restaurer son empathie. (Compassion)

Il suffit ici « d’oublier que l’on sait tout sur les autres », dans son milieu de travail comme dans son milieu familial et de redevenir curieux de ce que les autres ou certains autres pensent, croient, souhaitent, etc. ; de chercher à comprendre ce qu’ils vivent et ressentent et de leur manifester son attention et son désir d’aider.

Cette récréation de sa capacité d’empathie active, le sentiment de comprendre et d’être utile est, pour le dirigeant stressé, une des formes les plus fructueuses de sa lutte contre le stress, contre la solitude et contre les effets négatifs de son pouvoir sur les collaborateurs.

2.3. Restaurer son optimisme. (Hope)

Il résulte généralement de la perception d’espoirs réalistes, de projets réalisables, de paris gagnables.

Cette récréation peut résulter des deux phases antérieures :

-peuvent resurgir les projets stimulants enfouis au fond de soi ou retardés, projets familiaux ou professionnels ;

-peuvent surgir des projets nouveaux issus des contacts empathiques engagés avec les collaborateurs ou les membres de la famille. Ici aussi les émotions et les optimismes sont contagieux.

 

Tout dirigeant devrait avoir en tête le schéma ci-dessus. Le risque de « power stress » guette mais existent des moyens simples d’en prévenir les effets : cultiver sa clairvoyance, son empathie et son optimisme.

  1. Maintenir son leadership et sa qualité de vie.

3.1. Sources des effets physiologiques du stress et de la récréation

Le stress active le  système nerveux sympathique, système qui prépare le corps au « combat » ; d’où :

– une hausse de l’activité cardiaque, de l’activité respiratoire et de la glycémie ;

– une vasoconstriction périphérique mais une vasodilatation des artères musculaires, coronaires et cérébrales.

– une baisse de la salivation et de la digestion.

– un affaiblissement des capacités cognitives, perceptuelles et émotionnelles.

La récréation active le système nerveux parasympathique ; d’où les effets inverses du stress:

– un ralentissement du travail cardiaque et de l’activité respiratoire,

– une récréation du système immunitaire et du développement des neurones;

– une ouverture aux idées, aux émotions et aux autres.

3.2. Quelques activités récréatives

L’objectif est de chercher à vivre des moments procurant les sentiments suivants :

– avoir une pause, le calme,  la paix ;

– vivre le présent sans penser au passé ou au futur ;

– ressentir l’envie d’un bien, d’une activité ou d’une situation.

Chacun doit trouver les types d’activité qui lui procurent ces sentiments. Citons les activités suivantes souvent retenues :

– Méditer ou prier.

– Pratiquer régulièrement des activités physiques.

– Passer un bon moment avec un (e) ami(e).

– Faire quelque chose pour aider quelqu’un, ponctuellement ou dans la durée.

– Echanger avec d’autres sur des valeurs ou des projets communs.

 

Aucune reproduction, ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ».  A.Uzan. 8/06/2013