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André Uzan

Ancien universitaire

Créateur d’entreprise

Culture et valeurs Culture et valeurs

Culture et valeurs.  Le sens des concepts

 

Il y a des mots que nous entendons ou utilisons souvent sans être sûrs de bien en connaître le sens. C’est particulièrement le cas des mots Culture et valeurs

Les concepts sont des notions, des représentations mentales, construites pour comprendre des situations ou des comportements, communiquer des résultats d’analyse, prendre des décisions, etc.

La définition de ces concepts est en « chantier permanent», mais il est bon de faire un point de temps en temps même si on le sait provisoire.

Nécessaire à toute personne cultivée, ce point est indispensable à tout dirigeant et cadre désireux de mieux comprendre et décider dans, au moins, les trois domaines suivants :

– la relation avec les prospects et clients ;

– la relation avec les autres organisations partenaires ;  (cultures d’entreprise) ;

– les relations internes à l’entreprise.

Décider avec pertinence exige de comprendre les cultures et valeurs des acteurs avec qui l’on entre en relation.

 

  1. Culture

(Source http://jmt-sociologue.uqac.ca/www/word/387_335_CH/Notions_culture_civilisation.pdf)

C’est un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. (Guy Rocher).

Détaillons cette définition.

– Manières de penser, de sentir, d’agir.

Ces manières observables concernent tous les types d’activités ; activités cognitive, affective et  conative (qui concerne l’agir). On sait que ces manières évoluent dans le temps, qu’elles tendent,  aujourd’hui, à s’uniformiser assez largement mais qu’elles restent encore différentes selon les peuples, les groupes sociaux et les zones géographiques.

-Manières plus ou moins formalisées.

Elles peuvent être très formalisées dans un code, un rite, un protocole, une religion, une science, etc. mais le sont moins dans les relations interpersonnelles, par exemple.

-Manières acquises et transmises.

Il ne s’agit pas ici d’héritage génétique mais d’héritage social, transmis par les institutions et les processus qui assurent la socialisation (famille, école, religion, état, profession, système d’information, production culturelles, modèles identitaires etc.) ; héritage que chaque personne fait sien et modifie d’après ses expériences et croyances.

-Manières partagées par une pluralité de personnes.

Le partage peut concerner de grands ou de petits ensembles de personnes (nation, quartier, « classe  sociale », entreprise, etc.) qui reconnaissent leurs manières comme communes et les ressentent comme des facteurs d’appartenance,  de solidarité et de facilitation de la communication verbale et non verbale.

-Manières constituant une collectivité distincte.

La fonction de la culture est de «mouler» les personnalités individuelles en leur fournissant des modes de pensée, de sentir et d’agir, le plus souvent divers dans certaines limites, et parmi lesquels chacun fait son choix. L’univers mental, moral et symbolique commun qui est ainsi créé conduit les personnes à se sentir des intérêts communs sur certains points, divergents sur d’autres, mais, dans tous les cas, à se sentir membres d’une même entité qui les dépasse.

 

Ainsi, la culture d’un groupe est bien l’ensemble des manières de penser, de sentir et d’agir qui lui sont propres et le caractérisent. Dans certains cas, les membres du groupe partagent strictement toutes les manières (secte, par exemple) mais, le plus souvent, la culture d’un groupe est un  ensemble composite, avec des manières de penser, de sentir, d’agir communs à tous et des manières plus ou moins spécifiques selon, par exemple, la religion, le statut, l’idéologie, les choix personnels, etc.

L’Unesco précise que la culture, « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social » englobe les modes de vie, les normes de comportement, les traditions, les coutumes, les rituels, les croyances et les valeurs.

  1. Valeurs (Source = http://valeurs.universelles.free.fr/valeurs.html)

Les valeurs d’une personne sont l’ensemble des références qui guident ses activités, ensemble hiérarchisé de  concepts et de croyances qui servent de critères de sélection ou d’évaluation des manières de penser, de sentir et d’agir, dans toutes les situations.

Traduisant la culture acquise et choisie de la personne, les valeurs sont profondes et stables ; elles sont plus ou moins universelles mais leur hiérarchie est plus ou moins différente selon les collectivités et les personnes.

Présentons les trois inventaires les plus connus en ce domaine.

2.1. L’inventaire de Rokeach.

M.Rokeach, professeur de psychologie à l’université du Michigan, a été le pionnier en ce domaine.

Il affirme que le nombre total de valeurs qu’une personne possède est relativement faible ; que tout individu possède les mêmes valeurs à différents degrés  et que les valeurs sont organisées en systèmes et hiérarchisées.

Il retient 36 valeurs réparties en deux groupes : les valeurs « buts de l’existence » (valeurs terminales) et les valeurs « modes de comportements » (valeurs instrumentales).

-Les valeurs buts de l’existence sont regroupées dans les quatre catégories suivantes :

Cuture.1

– Les valeurs instrumentales sont regroupées dans les 3 ensembles suivants :

Culture.2.

2.2. L’inventaire de Kahle

L.Kahle, professeur de marketing à l’Université du Michigan, adopte une approche plus conforme aux besoins opérationnels du marketing en ne retenant que les 9 valeurs terminales suivantes.

Cuture.3

 

 

2.3. L’inventaire de Schwartz

S.Schwartz, professeur de Psychologie Sociale à l’Université de Jérusalem, a cherché à repérer les valeurs universelles, valeurs de base que chacun reconnait comme telles dans toutes les cultures parce qu’elles répondent aux trois besoins de base de l’espèce humaine : les besoins biologiques, le besoin d’interactions sociales et le besoin de bien-être dans les groupes.

Ce modèle comporte 56 valeurs, regroupées en 10 valeurs de base (« domaines motivationnels »), groupes de valeurs selon l’objectif qui sous-tend chacune d’entre elles.

 

2.3.1. Les dix valeurs de base (ou « domaines motivationnels »)

Le tableau ci-dessous présente les valeurs, leurs objectifs et les items utilisables pour les approcher.

Cuture.4

 

2.3.2. Les relations entre les valeurs.

Le schéma ci-dessous décrit l’ensemble des relations de complémentarité et d’antagonisme entre les valeurs.

Cuture.5

 

Deux grandes dimensions structurent ces relations.

-La première oppose « ouverture au changement »  à  « continuité » ; opposition entre les valeurs d’autonomie et de stimulation et les valeurs de sécurité, conformité, tradition.

-La seconde oppose « affirmation de soi » au « dépassement de soi » ; opposition entre les valeurs de recherche de la réussite et du pouvoir et les valeurs de bienveillance et d’universalisme.

L’hédonisme relève à la fois de l’ouverture au changement et de l’affirmation de soi.

De plus, la proximité des valeurs sur le schéma est aussi significative ; plus les valeurs sont proches dans le cercle, plus les objectifs qui les activent sont similaires.

-Les valeurs de la partie gauche du schéma, pouvoir, réussite, hédonisme, stimulation, autonomie concernent la recherche des intérêts individuels alors que les valeurs de la partie droite du schéma, bienveillance, universalisme, tradition, conformité, sécurité, concernent les relations avec les autres

-Les valeurs adjacentes sont souvent activées en même temps : ainsi les valeurs :

-pouvoir et réussite sont à la base de la recherche de la reconnaissance sociale ;

-hédonisme et stimulation, à la base de la recherche d’une vie excitante ;

-universalisme et bienveillance, à la base de la recherche du dépassement des égoïsmes ;

-bienveillance, tradition et conformité, à la base du dévouement envers son groupe ;

-tradition, conformité  et sécurité, à la base de la recherche de la stabilité sociale.

 

La hiérarchie des valeurs varie avec les personnes et les groupes. (Voir modèle de questionnaire à  http://valeurs.universelles.free.fr/test.html).

Pour les sociétés, cette hiérarchie s’établie généralement ainsi : Bienveillance –  Universalisme – Autonomie  – Sécurité –  Conformité – Hédonisme –  Réussite – Tradition – Stimulation – Pouvoir. On constate que les valeurs indispensables au fonctionnement social prévalent sur les valeurs individuelles.

 

« Aucune reproduction, ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur ».  A.Uzan . 21/05/2013