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André Uzan

Ancien universitaire

Créateur d’entreprise

Vaincre ses hésitations à créer une entreprise Vaincre ses hésitations à créer une entreprise

 

Vaincre ses hésitations à créer une entreprise, c’est trouver des raisons valables de changer d’état d’esprit, de regagner la confiance en soi, en regardant à la lueur des faits les obstacles traditionnellement présentés concernant la réussite de la création.

Ce qui retient une personne de créer une entreprise alors qu’elle y pense, parfois depuis longtemps, tient à son état d’esprit en cours, à son « modèle mental », c’est-à dire à sa manière d’interpréter les situations qui la concernent et de choisir ses moyens d’actions, de rechercher ce qui détermine ses sentiments de satisfaction, d’adhésion, d’accord avec ses idées ou croyances.

On voit ainsi que cet état d’esprit comporte plusieurs éléments ;

– des éléments internes ; l’ensemble de croyances, valeurs et « visions » de son avenir ;

– des éléments externes ; les hypothèses et les sentiments sur les situations environnantes.

Concernant la création d’entreprise, on peut ainsi distinguer les situations et états d’esprit principaux suivants :

– ceux qui veulent créer une entreprise mais ne savent pas vraiment comment faire ;

– ceux que les circonstances ont obligé à créer une entreprise, mais ne pensent pas pouvoir réussir ;

– ceux qui cherchent à donner plus de sens à leur vie mais ne sont pas sûrs que la création d’une entreprise soit le meilleur moyen ;

– ceux qui cherchent à donner plus de sens à leur vie mais attendent d’avoir la bonne idée et le bon moment pour se lancer.

Ces situations révèlent des blocages fondés sur des convictions erronées et qu’une information pertinente peut aider à surmonter.

C’est l’objectif de cet article : aider à  vaincre les hésitations à créer une entreprise en examinant la validité des 10 facteurs les plus courants d’hésitation.

 

1-Surmonter le « Je ne suis pas capable » !

Le blocage réside, ici, dans la conviction qu’on n’a pas les bons gènes, les compétences et l’expérience nécessaires pour réussir. C’est le vieux mythe selon lequel on nait entrepreneur alors que la réalité est que chacun peut le devenir pourvu qu’il veuille.

La recherche établit, en effet, qu’il existe des traits de personnalité et des compétences comportementales communs aux entrepreneurs qui réussissent mais ces qualités ont été acquises ou apprises au fil du temps.

Dans ce cas ce n’est pas la crainte d’un travail acharné qui bloque mais des anticipations non fondées sur les résultats du travail.

 

2- Surmonter le « Je n’ai pas les moyens » !

En fait les fonds nécessaires dépendent du type d’entreprise que l’on crée et de la mise qu’on accepte de perdre, éventuellement.

Créer une petite entreprise de service dans son domicile est à la portée de beaucoup.

On peut obtenir la contribution de la famille ou des amis qui trouvent l’entreprise à leur goût et accepteraient la perte éventuelle de leur mise.

On peut commencer par une location-gérance (gestion contre redevance d’une entreprise existante) ou une franchise (bénéfice d’une marque, d’un savoir-faire et d’une assistance contre une rémunération versée au « franchiseur ») ou le rachat d’une entreprise existante.

Ce n’est que dans le cas de création ex nihilo d’une entreprise innovante lourde en investissements que le recours à des fonds d’investissement s’impose.

En fait, l’important est d’avoir les moyens de démarrer l’entreprise puis de progresser pas à pas.

 

  1. Surmonter le « Je n’ai pas l’idée géniale » !

Contrairement aux idées reçues, on peut apporter du « nouveau » de plusieurs manières.

On peut lancer une innovation de production mais aussi d’autres innovations :

– innovation de processus, nouvelle méthode de fabrication ou de distribution d’un produit ;

– innovation de modèle d’affaires, nouvelle façon dont on réalise un profit.

La recherche établit que l’innovation de modèles d’affaires est la source du succès de la majorité des petites entreprises et, de plus, que les autres innovations sont peu nombreuses.

Bien plus, elle établit que le succès ne dépend pas de la seule innovation mais de l’exécution de son exploitation.

 

  1. Surmonter le « Je n’ai pas de chances de réussir»

Certes le taux d’échec n’est pas négligeable mais, startups technologiques mises à part, il ne dépasse pas 50 % et de plus la statistique compte parmi les échecs les ventes d’entreprises prospères.

Par ailleurs, la recherche établit que l’échec provient des insuffisances du dirigeant en matière de connaissance de son industrie, d’expérience de la gestion, de la commercialisation (lancement prématuré) ou du financement (asphyxie financière) ; ensemble d’insuffisances qui peut facilement être corrigé par la formation ou le travail.

 

  1. Surmonter le « Je n’ai pas le type entrepreneur»

En fait, les créateurs d’entreprises sont de trois types différents :

-Le travailleur indépendant qui a tendance à être un expert dans son domaine, qui recherche la perfection et n’aime pas le changement. Il choisit ce type par besoin d’un emploi ou par passion pour son domaine.

-Le manager qui cherche à maximiser la rentabilité de l’entreprise et a tendance à être expert en planification et supervision. Il choisit ce type parce qu’il l’aime et cherche à s’assurer un revenu qui ne dépend pas des autres.

-L’entrepreneur qui tend à être un expert du repérage des opportunités d’affaires, fonctionne à l’inspiration et recherche le changement. Il choisit ce type par goût de l’innovation et de sa commercialisation.

Un chercheur a établi que la plupart des créateurs sont 10 % entrepreneur, 20 % manager et 70 % techniciens.

 

  1. Surmonter le « Je ne crois pas que ce soit le moment»

Le bon moment concerne la situation économique du secteur d’activité choisi et la disponibilité des ressources et des réseaux de soutien dont peut bénéficier le créateur d’entreprise.

En général, il vaut mieux que le secteur d’activité choisi soit en croissance mais proposer du « nouveau » dans un secteur en stagnation peut aussi être profitable.

Les réseaux de soutien au créateur d’entreprise sont aujourd’hui quasi-pléthoriques et des fonds et aides spéciales sont accessibles.

En fait, l’idéal n’est pas de chercher le bon moment pour créer mais plutôt de créer pour tous les moments, en admettant qu’il faudra, de toute façon, s’adapter au moment.

 

  1. Surmonter le « Je n’ai pas les qualités nécessaires»

Chacun a tout ou partie des qualités nécessaires, comme on peut le vérifier en examinant la liste suivante des qualités nécessaires établie par la Harvard Business Review :

-Vous n’aimez pas qu’on dise quoi faire.

-Vous aimez les défis.

-Vous aimez gagner une compétition, réussir à réaliser un objectif.

-Vous aimez être votre propre patron.

-Vous cherchez toujours de nouvelles et meilleures façons de faire les choses.

-Vous aimez rassembler les gens afin de faire les choses.

-Vous êtes rarement satisfait du statu quo ou complaisant avec vous -même.

-Vous trouvez généralement un moyen de sortir des situations difficiles.

-Vous pensez qu’il vaut mieux échouer par soi-même plutôt que réussir grâce aux d’efforts des autres.

-Vous aimez faire face aux problèmes et les résoudre.

Après un peu d’introspection, chacun admettra qu’il possède nombre de ces qualités.

 

  1. Surmonter le “ Je ne me sens pas assez motivé»

On sait que ce qui détermine la motivation à créer, c’est la passion ou le fort intérêt pour le résultat à obtenir et pour le travail à faire.

Chacun a pu constater la différence d’engagement qu’il prend selon qu’il désire ou pas le résultat, qu’il aime ou pas le travail à faire.

Dès lors, ne pas être assez motivé veut dire qu’on n’a pas encore trouvé ce qui nous passionne mais nous savons qu’il suffit de chercher pour trouver, car chacun a une ou plusieurs passions dans sa vie.

 

  1. Surmonter le “ Je ne crois pas avoir les compétences et connaissances nécessaires »

Les compétences s’acquièrent dans et par le travail et l’expérience ainsi acquise est plus ou moins transposable d’un domaine d’activité à un autre, par exemple, d’un travail peu intéressant à un travail qui passionne.

On reconnait aux entrepreneurs à succès les trois qualités suivantes ; ils sont motivés, ils connaissent bien leur industrie et sont preneurs de risques calculés.

La motivation ayant déjà été traitée ci-dessus, examinons les deux autres qualités.

Connaître le milieu dans lequel on veut créer une entreprise, connaître ses acteurs et leurs modes d’action, est indispensable pour préparer son entrée dans le secteur d’activité et décider des actions à entreprendre.

Chacun reconnaitra, ici, cependant, qu’il n’y a rien d’inné sur ce point et qu’il suffit de décider d’explorer pour connaître et comprendre.

Le risque fait partie de la création d’entreprise et conduit, en général, à choisir la prudence plutôt que l’imprudence et le risque calculé plutôt que l’intuition, bien que dans certains cas l’inverse puisse être très productif.

Prendre une décision, c’est prendre un pari qui peut, parfois, se gagner ou se perdre par hasard.

Si l’on veut se donner plus de chances de le gagner, il faut évaluer avec la plus grande précision possible ce qu’il coûte de le prendre et les bénéfices qu’on peut en attendre.

Dans l’entreprise, il s’agit surtout d’évaluations financières mais sont aussi pris en compte les effets psychologiques, sociaux, etc. sur la base de méthodes complexes.

Chacun reconnaitra, ici aussi, cependant, qu’il a déjà pratiqué ce calcul dans sa vie de tous les jours ou dans son travail ; pratiqué peut-être de façon sommaire mais qu’on peut apprendre à le rendre plus scientifique.

 

  1. Surmonter le “ Je ne voudrais pas monter un projet complet d’entrepriseet subir un échec »

Ce facteur d’hésitation se base sur une pratique ancienne. Il y a quelques années, il était attendu qu’un créateur d’entreprise définisse son projet dans les moindres détails : production, commercialisation, promotion, personnel, stratégie, structure, etc. C’était ce que demandaient les réseaux d’aide et de financement.

Et le créateur devait définir son plan de démarrage et de développement sur la base de peu de tests de la réalité.

Dès lors, l’échec d’un type d’action est d’autant plus frustrant que les éléments du plan sont interdépendants ; ce qui peut entrainer le découragement et souvent l’abandon.

Aujourd’hui, on tend à créer une organisation temporaire pour chercher un modèle d’affaires reproductible et évolutif (définition de la startup), ce qui change le processus de démarrage et la façon de définir l’échec.

Ce nouveau paradigme exige les définitions générales suivantes :

– définir le but et l’activité de l’entreprise à créer ainsi que la ou les motivations de la création ;

– définir l’opportunité saisie, son évaluation et les méthodes générales retenues pour son exploitation ;

– définir son modèle d’affaires initial et sa structure mais comme une sorte de prototype à durée limitée, modifiable selon ce qu’enseignent les débuts de fonctionnement ;

– définir le démarrage comme un processus, c’est-à-dire une série d’essais et d’erreurs.

Retenir la définition de la création d’entreprise comme un processus présente les avantages suivants ;

-tout échec portera sur un point dont on sait qu’il est provisoire et doit être perfectionné ;

-le but de la création est en principe intangible mais toutes les autres idées sont provisoires et adaptables à la situation extérieure ou aux ressources ; la passion est le moteur mais la raison prend en compte la réalité ;

-l’idée de base de la création reste centrale mais l’utilisation efficace des ressources déjà disponibles dévient prioritaire ; le créateur doit se concentrer sur les opportunités compatibles avec les ressources disponibles

 

(Source : https://www.coursera.org/specializations/start-your-own-business?

Developing An Entrepreneurial Mindset: First Step Towards Success Michigan State University)

 

Sous l’onglet « création » il y a 75 articles et en particulier les suivants :

https://outilspourdiriger.fr/nouvelle-approche-de-la-creation-dentreprise/

https://outilspourdiriger.fr/lintention-de-creer-son-entreprise/

https://outilspourdiriger.fr/lentrepreneur-des-qualites-innees-ou-des-competences-acquises/

https://outilspourdiriger.fr/levaluation-de-lopportunite-de-creer-1/  2 et 3.

https://outilspourdiriger.fr/le-lean-start-up/

https://outilspourdiriger.fr/le-modele-mental-un-concept-nouveau/

 

Aucune reproduction ne peut être faite de cet article sans l’autorisation expresse de l’auteur.  A. Uzan.    11/09/2022.